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au moins il pleut

by artistes variés

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allo, ici Navet Confit.

le 15 décembre dernier, juste avant les vacances des fêtes et en pleine deuxième vague de covid, l'appartement de notre ami Jacques Bertrand Jr (et de sa douce Nadia) a brûlé. ils ont perdu leur logis, mais ils sont sains et saufs, c'est l'essentiel.

JOINDRE L'UTILE ET LE FORMIDABLE
normalement, nous, ses ami.e.s musicien.ne.s, aurions fait un grand spectacle bénéfice (sûrement au Chfal) pour amasser des fonds pour lui venir en aide. mais les temps pandémiques étant ce qu'ils sont, j'ai eu envie d'inviter tout ce beau monde à enregistrer un cover, à la maison, pour créer cette grande compilation : un hommage lofi au répertoire (extrêmement riche et éclectique) de notre ami Jacques, à travers des pièces de ses trois projets Jérémi Mourand, Cou Coupé et le Collège d'Ingénierie à l'Oeil.

au fur et à mesure que les pièces rentraient dans ma boîte courriel, je réalisais que nous avions entre nos mains l'album le plus joyeusement wtf de la rentrée de la déjà très wtf 2021.

c'est donc avec beaucoup d'amour et un immense respect pour l'énorme talent de Jacques que nous vous présentons le fruit de ce travail.

AMOUR.
et enjoy!

jp le Navet
xx

PS : inutile de dire que tout le monde a participé à ce projet de façon totalement bénévole et que tous les revenus associés à cette opération (ventes et droits) iront directement à Jacques et Nadia.

PPS : les excellents albums originaux de Cou Coupé et du Collège d'Ingénierie à l'Oeil sont disponibles ici : coucoup.bandcamp.com
... et pour trouver les deux magnifiques albums de Jérémi Mourand, euh... ben... faites vos recherches.

PPPS : pour celles et ceux qui seraient moins familiers ou familières avec Jacques Bertrand Jr ou qui voudraient le redécouvrir à travers les mots sensibles et justes de Maxime Catellier, voici la postface que ce dernier a écrite pour le recueil de textes de chansons que Jacques a publié en 2018 chez l'Oie de Cravan (que nous vous conseillons d'ailleurs fortement de vous procurer ici : www.leslibraires.ca/livres/un-micro-est-une-arme-dangereuse-jacques-bertrand-9782924652183.html).

// POSTFACE DE MAXIME CATELLIER //

Prière d'achever

« Souvent un homme, fatigué du logis, abandonne sa vaste demeure pour y rentrer aussitôt; car il ne trouve rien de mieux au dehors. Puis il lance ses chevaux et court précipitamment à sa terre, comme pour voler au secours de son toit qui brûle. Mais à peine touche-t-il le seuil, que déjà il bâille; ou bien il tombe dans le sommeil, sous le poids des ennuis, et cherchant à oublier; ou même il reprend sa course, et va revoir la ville. »

- Lucrèce

Ma relation amour/haine avec le milieu littéraire, sorte de tension non réconciliée avec l’illusion de se sentir appartenir ou non à un monde en vase clos qui se nourrit autant d’égoïsme et de jeux de pouvoir que la moindre des cours d’école, me vient en partie d’un rapport à la poésie qui n’a jamais été confiné au livre et a trouvé toutes sortes de traverses pour y cueillir ses fleurs, au bord des chemins de gravelle, dans les craques des trottoirs ou dans les déserts et océans quotidiens qui donnent la soif d’avancer malgré l’inutile. Car, avant tout, ces orties brûlantes cueillies par la parole sont supposées crier quand on les arrache au sol contaminé où elles se sont nourries des splendeurs et misères de ce monde, comme à chaque fois que je me frotte à la poésie de ce barde, mon ami, qui me pardonnera cette indiscrétion en forme d’oraison, non pas funèbre, mais au sens premier : assemblage de mots construits suivant les jours de la semaine.

Le premier acte a lieu au Cheval Blanc, rue Ontario, établissement vénérable dont j’ai mille fois poussé la porte en quête d’étanchement. Nous sommes en 2002, peut-être en 2003, et du fond du bar m’arrive un bruit à la fois mélodieux et chaotique, une dysphonie portée par un stentor tout habillé de noir sauf pour le blanc des os de son t-shirt, la tête rasée au milieu jusqu’en arrière pour former un anti-mohawk, le cri rauque aiguisé sur le manche d’une Telecaster grise retenue à sa ganse par du duck tape. Devant moi, un escabeau suspendu entre la scène et la foule. Sa seule fonction est de recueillir les cendres de la musique, à mesure que le spectacle se décompose. Bizarrement, chaque machiniste de cette fabulation joue un rôle qui n’est pas le sien : le peintre hirsute torture son manche de guitare, le brasseur joue au funambule sur sa basse, le serveur déboule les marches sur ses tambours. Cette équipée s’appelle Jérémi Mourand et pratique le dimanche soir.

Non loin de là, moyennant zéro dollar, une porte s’ouvre sur le Quai des Brumes. Quand le deuxième acte se termine, un lac de bière coule de la scène vers le public et s’immisce entre les éclats de verre qui forment des îles jusqu’au quai triangulaire où s’échouent les corps meurtris. Le beau Jacques s’est jeté dans les bras de la foule sans crier gare pour briser la monotonie du récital. Bientôt, trop mal aux genoux, le mauvais garçon finira par demander une chaise pour y poser sa pinte. Nous sommes encore loin des foules effacées d’aujourd’hui, séparées entre elles par les écrans lumineux de l’apathie cellulaire. Une seconde d’inattention et un manche de guitare peut vous assommer sec, à moins que ce ne soit le guitariste tout entier qui vous revole dessus. Les Anciens appelaient ça des rites initiatiques : nous disions simplement lundi soir.

Le Divan Orange, lieu du dernier acte de cette mascarade à repeindre le décor tout entier d’une époque, accueille Vacher, la galette ultime du quatuor. Et si je mêle ici plusieurs soirs en un seul souvenir, voici quand même la scène : une chauve-souris est accrochée au plafond, tous les autres membres du groupe sont dehors en train de fumer sauf l’invité, assis à ses tables-tournantes qui émettent un son de cavalerie. Le public est la caravane, la musique l’encercle et le bar brûle dans la nuit comme une épave au fond de l’eau. Un petit mardi.

Toujours, l’escabeau demeure l’instrument au milieu du vacarme. Quand la nuit se termine, le travail recommence. Les décors se construisent à coups de murs et on cherche à savoir de quel bord on va finir par trouver une place où s’asseoir. Je cherche le juste-milieu : dans le dictionnaire, quelque part entre l’esbroufeur et l’escabèche, à l’abri de tous les mots manqués. Je me perche sous un arbre, l’escabeau dans les feuilles, dans une cour de la rue Saint-Dominique. Partout dans la ville assourdissante, cette même odeur infernale qu’on accumule dans ses poches ou qu’on se tresse en forme de cul, ce bacon proverbial qui n’a plus rien de la danse sacrée qui signe la fin de la fête. Chez Jacques, la viande est mûrie si longtemps qu’elle ne saigne plus quand on la saisit. Elle s’exécute. Elle a eu le temps de calculer sa chute pour ne garder que la substance de l’accident. Qu’importe si la table est mise, il faut que tout se mette en place dans la substantifique moelle de chaque morceau. Mercredi, jeudi, vendredi : la vie suit son cours au fil des métiers qui se superposent aux rencontres, chaque projet portant le nom qui convient à sa chute : Y a-t-il un médecin dans la salle? Cou Coupé. Le Collège d’Ingénierie à l’Œil.

Réservons donc le samedi au grand amour, à l’intime amitié, à ce qui ne se dit pas. Tout le monde sait que c’est le pire soir pour sortir. Restons à la maison, dans la douceur natale de Hochelaga. De ces quelques trois mille mots attrapés au vol en vingt ans de métier, on ne peut pas dire n’importe quoi. Tant de poésie pour aussi peu de littérature, voilà qui devrait frapper l’esprit qui trouvera à travers ces pages une œuvre cachée dans les plis d’une lettre rédigée avec la plus extrême patience à l’intention d’une époque dont il est trop souvent facile de dire du mal. La vraie difficulté consiste à ne pas se laisser berner par son masque, qu’il rit ou qu’il pleure, pour ne point le confondre avec son propre visage. Le maquillage du langage imprime lentement ses sillons dans la voix, avec la plus élémentaire lucidité et la plus sincère méfiance. Ainsi, ce dégoût de vivre dont il est question ici et là sert toujours de tremplin pour narguer l’abîme. Il ne saurait en être autrement pour celui qui veut sauter par-dessus le feu.

credits

released January 15, 2021

enregistré et mixé par les artistes elles/eux-mêmes dans des conditions extrêmement pandémiques

direction artistique : Navet Confit
matriçage : Jean-Philippe Villemure
illustration : Von Pleid (à partir d'une photo de Denis F Côté)

un énorme merci éternel à tous les artistes ayant participé à ce projet, merci aussi à Amaury Pluvinage, Claude Leduc, Éric Villeneuve, Erick Jarry, Martine Groulx, Christiane Charbonneau, Larissa Souline et Véronique Lambert.

et surtout, un gigantesque merci à Jaco pour l'inspiration infinie.

AMOUR

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